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Page 9 – mars 1935

Chronique Paroissiale Notre Orgue

Il est toujours présent à nos cérémonies. Mais cette présence est à peine sensible. Sa grande voix ne se fait plus entendre. Comme un malade ou un vieillard épuisé, il ne parle plus qu’à voix basse. Lui demander l’éclat et la sonorité d’autrefois, ce serait trop présumer de ses forces et provoquer un vain bruit désagréable et malsonnant.

Certes, lorsqu’il, vint parmi nous, il était déjà d’un certain âge et accusait parfois quelque fatigue. Combien de fois n’avons-nous pas vu, dans notre jeunesse, l’organiste M. Paul Bosc, quitter le clavier, pour aller donner quelques soins pressants à son cher instrument. Mais les organes de l’orgue étaient encore en bon état et les petits remèdes savamment administrés à doses régulières, maintenaient sa voix dans son harmonieuse puissance.

Et l’inondation vint. Pendant de longues heures, l’eau boueuse pénétra les ressorts les plus intimes de l’orgue. Ce fut fini. L’instrument était mort. À notre arrivée dans la paroisse, nous trouvâmes son grand cadavre disloqué à la place où pendant si longtemps il avait chanté les louanges de Dieu. Tout de suite, la pensée nous vint de le ressusciter. Était-ce possible?

L’État avait accordé huit mille francs au pauvre sinistré. Mais cette somme était insuffisante et l’on attendait. Nous fîmes alors appel à la paroisse qui fut généreusement entendue et nous donna cinq mille francs de plus. Les ouvriers de la maison Puget, de Toulouse, se mirent au travail. La restauration complète ne pouvait être envisagée.

Enfin, au mois de juin 1931, l’orgue parlait de nouveau sous les doigts habiles de M. le chanoine Massot, organiste de la Métropole de Toulouse, qui en présidait l’inauguration. Depuis, l’instrument continue son service régulier, mais l’inondation ne l’a pas rajeuni. Malgré l’opération coûteuse des hommes de l’art, malgré tous les petits soins qu’il reçoit de notre cher organiste M. le Marquis de Vassal, qui le connaît bien et prévoit ses faiblesses, notre orgue n’en peut plus. Nous sommes aujourd’hui dans l’obligation, ou de le fermer pour toujours ou de tenter encore de lui donner un regain de vie. L’orgue muet ! Quel vide dans nos belles cérémonies. Cette perspective nous fait mal au cœur. Aussi, nous ne pouvons pas nous résoudre à nous passer de lui. Nous avons donc décidé de le restaurer et nous avons appelé un homme du métier, qui a bien voulu se charger de ce travail de bonne volonté. La réparation sera faite avant Pâques. Nous aurions eu une bien grande consolation de pouvoir faire face, tout seul, aux frais de restauration. Nous ne le pouvons pas. Les charges sont de par ailleurs trop lourdes pour que nous puissions distraire quoi que ce soit de ce qui est nécessaire à la vie de nos œuvres.

Nous faisons donc appel à nos chers paroissiens pour la restauration de l’orgue. Mes bien-aimés frères, nous ne croyons pas trop présumer de votre bonne volonté et de votre attachement à notre église en venant encore frapper à la porte de votre charité. Cette fois, comme toujours, notre absolue confiance en vous, ne sera pas trompée. Il ne s’agit pas de nous, mais de la gloire de Dieu, de la religion, des âmes. Il n’y aura pas de quête à domicile. Nous recueillerons nous-même les secours que vous voudrez bien nous porter, soit directement, soit par tel moyen qui vous plaira. Nous exprimons d’avance toute notre reconnaissance à tous ceux qui souscriront pour la restauration de l’orgue.

V. Galan, Curé-Doyen

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orgue 1935

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